(FIFA.com)
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Le sport semble parfois être la dernière chose dont a besoin une société. Les catastrophes naturelles, les désastres humanitaires ou les conflits armés perturbent les habitudes et les priorités de pays entiers et font de la survie l'objectif principal des populations. Cependant, y compris dans des situations de pressions terribles, le football peut se révéler essentiel pour opérer un changement social et tenter de tirer le meilleur parti possible de ses valeurs. C'est ce qui se passe actuellement dans la plus jeune nation du monde, le Soudan du Sud, qui s'apprête à disputer ses premières qualifications pour une Coupe du Monde de la FIFA™ avec l'espoir de laisser derrière elle un passé trouble.
Après des décennies de conflits armés et un référendum décisif organisé le 9 juillet 2011, l'indépendance du Soudan du Sud a été déclarée. Ce jour-là, Richard Justin Lado prend une décision importante : il décide de quitter le Soudan, alors même qu'il y est né et y a vécu toute sa vie, afin de retrouver ses racines. "Ma famille est originaire du Soudan du Sud, ça n'a donc pas été difficile. J'ai suivi mon cœur", confie-t-il à FIFA.com.
À peine son nouveau passeport en poche, ce footballeur de profession est devenu le premier capitaine de la formation de ce nouveau pays. Il n'aura suffi que de quelques minutes lors du premier match pour qu'il devienne l'idole de toute une nation. Cela s'est produit contre l'Ouganda le 10 juillet 2012 à Djouba, la capitale, devant 20 000 spectateurs enthousiastes et impatients. Lado a inscrit le premier but de son équipe, surnommée l'Étoile brillante. "Au début, nous n'avions pas grand-chose", reconnaît le milieu de terrain de 35 ans. "Il n'y avait pas beaucoup de joueurs et nous n'avions même pas d'entraîneur. Ce qui nous motivait, c'était de construire un nouveau pays et de donner du bonheur aux gens. Avec le temps, les choses se sont améliorées."
Il y a tout juste quelques semaines, le Soudan du Sud a obtenu sa première victoire en match officiel, après 12 tentatives qui s'étaient soldées par deux nuls et 10 défaites. En septembre, à l'occasion des préliminaires de la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF 2017, la sélection a déjoué les pronostics en battant 1:0 la Guinée équatoriale, demi-finaliste de la précédente édition. Pour Justin Lado, ce succès témoigne des progrès réalisés par le pays en seulement quatre années d'indépendance. "Avant, on ne parlait que de la guerre, aujourd'hui on parle aussi du football", apprécie-t-il. "Nous avons prouvé que nous sommes prêts, que nous pouvons unir tout un pays derrière un objectif commun, un espoir."
Le football comme exemple
Un pays uni. Tel est le rêve des Sud-Soudanais qui ont célébré il y a deux semaines l'annonce du cessez-le-feu permanent mettant fin à la guerre civile qui ravageait le pays. Le temps de la reconstruction a sonné sur tous les terrains. "La sélection en est un bel exemple. Il y a des joueurs de toutes les ethnies et de différentes régions du pays et nous jouons en harmonie", assure-t-il. "Maintenant que la guerre est finie, d'autres vont nous rejoindre et nous pourrons être encore plus forts. Il faut profiter de cette dynamique."
Un pays uni. Tel est le rêve des Sud-Soudanais qui ont célébré il y a deux semaines l'annonce du cessez-le-feu permanent mettant fin à la guerre civile qui ravageait le pays. Le temps de la reconstruction a sonné sur tous les terrains. "La sélection en est un bel exemple. Il y a des joueurs de toutes les ethnies et de différentes régions du pays et nous jouons en harmonie", assure-t-il. "Maintenant que la guerre est finie, d'autres vont nous rejoindre et nous pourrons être encore plus forts. Il faut profiter de cette dynamique."
C'est aussi l'occasion de changer l'image d'un pays duquel seules des nouvelles décourageantes parvenaient jusqu'à présent."Il est important de dire qu'il ne s'agit ni de l'Irak, ni de l'Afghanistan", tient cependant à relativiser le joueur d'Al Malakia. "La guerre n'a pas trop touché les villes, les gens ne vivaient pas dans la crainte. En dehors, oui, il y avait bien des soldats et un conflit." Cette situation sociale délicate l'oblige à endosser une certaine responsabilité, surtout dans les vestiaires en tant que capitaine. "J'ai beaucoup parlé avec tous les joueurs. Avec ces discussions, nous essayons de faire en sorte que le football nous aide à en finir avec tous les dommages causés par la guerre. Je ne me lasse pas de le répéter."
Le moment de transposer cette unité sur le terrain est arrivé. L'équipe entame sa première campagne de qualifications mondiales ce mercredi 7 octobre. Elle affronte la Mauritanie, pays qui la devance de 55 places au Classement mondial FIFA/Coca-Cola, le Soudan du Sud occupant le 144ème rang et son adversaire, le 89ème. "Nous sommes prêts. Vraiment prêts", annonce Lado. "Nous maîtrisons notre jeu et nous pouvons créer la surprise. Notre entraîneur Lee Sungjea a défini un jeu basé sur une défense solide et les contre-attaques. On peut faire mal. Nous devons l'emporter, pour beaucoup de raisons. Et nous allons y arriver !"
Au-delà du résultat sur le papier, Richard Justin Lado sait que son équipe a déjà décroché sa plus belle victoire. "Le pays en a assez de combattre. Nous voulons vivre en paix et nous concentrer sur des choses plus joyeuses. On va parler football et gagner ce match."
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